PARIS PERFUME WEEK : Masterclass transmission et mentorat avec Dominique Ropion & Éléonore Oyane-Nang

Masterclass avec Dominique Ropion & Éléonore Oyane-Nang

Modération : Guillaume Tesson PARIS PARFUME WEEK, Paris – 2025

« Quand j’ai lu ma première formule crée par Dominique, j’ai pensé à un danseur qui fait un saut parfait : simple en apparence, mais d’une complexité immense. »

Chez IFF, la transmission ne passe pas par des manuels ou des discours. Elle se joue autour d’une table en bois, dans un open space où les apprentis parfumeurs travaillent au coude à coude. C’est ici qu’Éléonore Oyane-Nang, jeune chimiste franco-gabonaise, apprend à sentir, formuler, décrypter. Et face à elle, Dominique Ropion. Le maître. Une figure de la parfumerie contemporaine, à l’origine de parfums emblématiques comme Portrait of a Lady, La Vie est Belle ou Alien.

Dominique ne donne pas de leçons. Il transmet autrement. Il tend des formules comme on tend des clés. Pas pour être copiées, mais pour être comprises.

« C’est comme pour un musicien : il faut apprendre le solfège avant de composer. »

Avant même le mentorat, Éléonore a suivi le master "Scent Design & Creation", conçu avec l’ISIPCA. Trois années d’apprentissage où l’on s’immerge dans la matière : 40 à 50 matières premières senties chaque matin, des accords floraux ou boisés à reconstituer, des formules à lire comme on lit une partition.

Ce socle technique lui permet d’intégrer directement la phase 3 du programme interne d’IFF. À partir de là, le mentorat commence.

Un duo, pas un cours

Il n’y a pas d’agenda formel. Dominique lui propose des projets, elle revient avec des essais. Ils sentent ensemble, modifient, affinent. Le dialogue est constant, vivant, ponctué d’humour et de contrepèteries.

« L’après-midi, je le sollicite. Il me guide, mais toujours avec légèreté. »

Un jour, Dominique lui transmet une formule culte : Portrait of a Lady. Elle découvre alors une construction courte, mais d’une précision impressionnante. Comme ces gestes de danse qui paraissent simples tant ils sont maîtrisés.

Dominique Ropion

Construire un langage

Dominique pousse à l'autonomie. Il lui fait reclasser ses formules par volatilité, travailler à partir d’une chromatographie de 90 ingrédients à réduire à 20, ou encore recréer un accord de rose, uniquement au nez.

« Il m’a appris à lire une formule. À comprendre comment chaque ingrédient dialogue avec les autres. »

Elle parle d’un jeu de déconstruction olfactive. Comme un morceau de musique où les silences comptent autant que les notes.

Un travail intérieur

Pour Dominique, la mémorisation olfactive est une introspection. Chaque matière première évoque un souvenir personnel. Pour lui, l’essence de rose renvoie aux gaufrettes à la fraise de son enfance. C’est ce lien intime qui ancre l’odeur dans la mémoire.

Formé à l’école Roure, Dominique a lui-même suivi une méthode rigoureuse, héritée de Jean Carles :

• apprentissage par familles olfactives,

• création d’accords techniques,

• reconstitution de fleurs naturelles,

• analyse des grands classiques de la parfumerie,

• et enfin, formulation personnelle.

« Copier est essentiel pour mieux s’en détacher. »

Un collectif avant tout

Autour de la grande table, les apprentis échangent sans hiérarchie. Ils se lancent des blind tests, partagent des accords, analysent les parfums du marché.

« C’est un vrai soutien. »

Aujourd’hui, une quinzaine d’apprentis sont formés chez IFF, répartis entre Paris, New York, Shanghai, l’Inde et Singapour.

Et après ?

Dominique le dit avec simplicité :

« Je continuerai tant qu’on viendra frapper à ma porte. Former, c’est aussi rafraîchissant que créatif. »

Éléonore, elle, rêve déjà de son premier parfum. Ce serait une tubéreuse. Comme un clin d’œil à celle qu’elle n’aimait pas au départ. Une Cologne Indélébile 2.0, pleine d’assurance, et d’héritage.

Un jour, peut-être, ce sera à elle de tendre une formule. Et la boucle sera bouclée.